Projet de recherche

L’expérience-client des proches aidants de patients en situation de « niveaux de soins alternatifs ». Le cas de l’hôpital Verdun

François Aubry, Josée Grenier, Yves Couturier (CIUSSS Centre-Sud-de-l'île-de-Montréal, 2017-2018)

L’objectif de l’étude est de reconstruire les trajectoires personnelles, familiales, sociales et cliniques (sociocliniques) des personnes âgées en perte d’autonomie qui, à l’hôpital, sont en attente d’un retour à domicile ou d’un hébergement. À partir du point de vue des proches aidants, nous voulons mieux comprendre le processus qui a conduit votre proche à l’hôpital. Nous nous intéressons à la coordination des services en vue de faire des recommandations pour aider les personnes comme vous et mieux aider les personnes âgées en perte d’autonomie. 

L’objectif de cette étude fut d’identifier les étapes clefs des trajectoires personnelles, familiales, sociales et cliniques (sociocliniques) des personnes en situation de NSA à partir du point de vue des proches aidants et des travailleuses sociales, afin d’identifier des causes possibles aux situations de NSA. Nous avons présenté plusieurs éléments importants de ces trajectoires : d’une part, nous avons mentionné quelles étaient les situations spécifiques des personnes à domicile avant l’hospitalisation, et le fragile équilibre fournis entre services formels et informels. Nous avons pu mentionner clairement la charge de travail importante qu’on subit les aidants. Il a été relevé néanmoins que la majorité de causes précédant l’hospitalisation peuvent difficilement être prévenue par des formes de soutien, même 24/7. Les chutes, par exemple, sont difficilement contrôlables. L’hospitalisation des ainés a joué fréquemment le rôle de répit pour les proches aidants, souvent épuisés d’assister au quotidien leur proche. 

Il semble que la situation de NSA semble due principalement à une difficulté pour les organisations CISSS et CIUSSS à fournir dans un délai rapide une solution pour les résidents, par exemple une place en CHSLD ou en RI. La complexité pour les travailleuses sociales de connaitre la situation exacte des usagers afin de procéder aux demandes d’admission peut entrainer une perte de temps, mais somme toute limitée. Compte tenu du fait que la majorité des personnes interrogées doivent trouver une place en CHSLD et en RI, c’est bien le maillage entre l’hôpital et l’admission dans ces organisations qui doit être amélioré. Notons néanmoins que le nombre de places dans ces organisations tend à demeurer stable, au détriment de l’augmentation du nombre de personnes nécessitant une telle intégration.

Ainsi, la cause principale de la problématique NSA nous semble concerner en premier lieux les difficultés organisationnelles rencontrées en aval de l’hospitalisation. En ce sens, en amont, la prévention clinique de la santé des personnes à domicile et des proches aidants est certes un idéal à prendre en considération, notamment à cause de l’épuisement des proches aidants et de l’importance d’évaluer plus rapidement la situation de santé et psychosociale de la personne. Cette prévention peut dans certains cas retarder la nécessité d’hospitaliser les personnes, ou identifier plus rapidement des solutions d’hébergement. Néanmoins, la prévention n’empêchera pas l’intégration de personnes en perte d’autonomie en CHSLD ou RI via l’hospitalisation. Par contre, l’enjeu principal demeure selon nous les possibilités offertes aux usagers d’intégrer le type d’établissement qui est conforme à leur niveau d’autonomie, c’est-à-dire la capacité des CISSS et des CIUSSS à offrir un service conforme au niveau de besoins des usagers, à domicile ou en institution.

François Aubry

Professeur, département de travail social de l'Université du Québec en Outaouais

Yves Couturier

Professeur, École de travail social, Université de Sherbrooke